PROJET DE RELEVEMENT D’URGENCE ET DE RESILIENCE A SAINT-LOUIS (SERRP)

 

PRESENTATION DU PROJET

La ville de Saint-Louis est exposée aux aléas littoraux d’érosion et submersion, exacerbés par les effets du changement climatique, ainsi qu’aux inondations pluviales et fluviales.

Entre août 2017 et février 2018, d’importantes ondes de tempête se sont abattues sur les côtes Saint-louisiennes et plus particulièrement sur la Langue de Barbarie et ont causé la destruction de plusieurs maisons sur la Langue de Barbarie, la perte de biens domestiques, de graves dégâts sur les infrastructures liées aux activités de pêche, les établissements scolaires et autres équipements sociocommunautaires

Cette situation a amené ainsi les autorités à réinstaller 259 familles sinistrées (environ 2600 personnes) au niveau de Khar Yalla et du Camp Gazeille, et/ou dans des familles d’accueil ou en location. En sus des familles ayant déjà perdu leur logement, d’autres habitant ont été identifiés sur une zone à haut risque située le long de la côte sur une bande d’environ 20 mètres de large sur 3,6 km.

Pour lutter contre ces phénomènes intempestifs et récurrents, et sécuriser les populations, le Projet de Relèvement d’urgence et de Résilience à Saint-Louis (SERRP) a été lancé par l’Etat du Sénégal en 2018, avec l’appui technique et financier de la Banque mondiale, pour faire face aux phénomènes naturels récurrents qui ont causé des déplacements massifs de populations et des pertes économiques considérables.  

  •  Objectif du Projet

L’Objectif de Développement du SERRP (ODP) est de réduire la vulnérabilité aux risques côtiers des populations établies sur la Langue de Barbarie et de renforcer la planification de la résilience urbaine et côtière de la ville de Saint-Louis.

Le SERRP vise à améliorer les conditions de vie de 1342 ménages répartis en 538 concessions, soit au total 15 081 personnes (dont 3273 ayant déjà perdu leur maisons et 11 808 [1027 ménages] encore installées sur la bande des 20 m et considérées comme très exposées à l’érosion côtière), à travers leur réinstallation sur un site aménagé et dans des logements appropriés. Le projet prévoit, à termes de réaliser environs 500 logements et entend restaurer les moyens de subsistance des populations déplacées. Par ailleurs, le projet envisage de renforcer la planification de la résilience urbaine et côtière à travers (i) la requalification de la bande des 20 m qui sera libérée, (ii) la réalisation d’études techniques et de documents de planification pour la gestion des risques urbains et côtiers, ainsi que (iii) le renforcement des capacités des acteurs.

  •  Durée du projet : 7 ans
  • Cout total du Projet : 93,3 millions de dollars Us
  • Composantes 

Le SERRP est articulé autour de cinq (5) composantes :

  • Composante 1 - Réponse aux besoins immédiats des populations touchées par la catastrophe : elle permet de fournir un logement temporaire et des services connexes aux familles actuellement déplacées du fait de la catastrophe et d’améliorer de toute urgence leurs conditions de vie.
  • Composante 2 - Relogement planifié des populations vivant dans la zone à haut risque sur la Langue de Barbarie : elle répond au besoin, à moyen terme, de réinstaller les familles touchées dans des logements permanents. Plus spécifiquement, cette composante vise à favoriser le changement transformationnel par le relogement planifié des populations les plus vulnérables établies dans la zone côtière à haut risque.
  • Composante 3 - Renforcement de la planification de la résilience urbaine et côtière. Cette composante répond aux besoins, à long terme, pour Saint-Louis, de devenir une Ville côtière plus résiliente.
  • Composante 4 : Composante pour la réponse d’urgence que le Gouvernement du Sénégal pourrait activer à la suite d’une crise ou d’une urgence admissible. Elle permet, dans ce cadre, de réaffecter les fonds du projet en appui à la réponse et à la reconstruction d’urgence.
  • Composante 5 : Gestion, suivi et évaluation du projet qui porte sur la coordination et la gestion ainsi que le suivi et l’évaluation du Projet.
  • Les Parties prenantes

Les domaines d’intervention et les activités du SERRP concernent un éventail de parties prenantes multisectorielles nationales et locales. En effet, l’exécution du Projet implique  plusieurs communes (Saint-Louis, Gandon, Ndiébéne-Gandiol),  des ministères, notamment ceux chargés des Finances, de l’Urbanisme, de l’Environnement, de l’Intérieur, de l’Hydraulique, de l’Energie, des Pêches, etc., des structures déconcentrées (Gouvernance, Préfecture, services techniques régionaux de Saint-Louis, etc.),  l’Agence  de Développement municipal, l’Agence régionale de Développement (ARD) de Saint-Louis, l’Agence de Développement communal (ADC),  l’Université Gaston Berger (UGB).

ETAT DE MISE EN ŒUVRE DU PROJET :

  • Relogement provisoire 

La mise en œuvre du projet a démarré par le recensement des personnes sinistrées (celles ayant perdu leurs maisons suite aux ondes de tempêtes de 2017 et 2018) et des personnes vulnérables (celles vivant encore sur une bande de 20 mètres de large à partir de l’ancien mur de protection, sur 3,6 km, allant de la pointe nord de Goxu Mbacc au quai de pêche au sud de Guet Ndar).

Ensuite, en partenariat avec l’UNOPS des unités mobiles d’habitation (UMH) ont été acquises et installées sur le site de Djougop préalablement aménagé, dans la Commune de Gandon, pour les besoins du relogement temporaire des familles sinistrées, initialement relogées dans des conditions précaires à Khar Yalla et au Camp Gazeille. Au total, près de 2000 familles sinistrées ont été relogées en juillet 2019 puis en avril 2021 sur le site de Djougop.

  • Relogement définitif :

Cette phase du Projet a consisté en l’aménagement (terrassement et voiries et réseaux divers) du site de relogement de Djougop, d’une superficie de 15,7 hectares pour la construction des logements définitifs et des équipements sociaux au profit des bénéficiaires (personnes sinistrées et affectées de la bande des 20 mètres sur la Langue de Barbarie).

A cet effet, un Plan d’Actions de Réinstallation (PAR) a été élaboré pour, entre autres, recenser les populations installées sur la bande des 20 mètres à libérer dans le cadre du recul stratégique, évaluer les biens impactés et déterminer les modes de compensation (en espèces ou nature). Au total, il est prévu la construction de 436 logements définitifs de types RDC, R+1 et R+2, en vue de reloger environ 15 000 personnes sinistrées et affectées de la Langue de Barbarie.

A ce jour (janvier 2024), 171 villas (159 RDC et 12 R+1) ont été réceptionnées, dont 167 déjà attribuées et 91 occupées par les familles (85 RDC et 6 R+1). Ce qui a permis de reloger au total 2570 personnes.

Le démantèlement du site de relogement provisoire a ensuite permis de démarrer la 3ème phase de construction de logements.

  • Restauration des moyens de subsistance et accompagnement des populations déplacées par le SERRP

Les populations déplacées étant auparavant établies au bord de la mer où elles exerçaient comme activité principale la pêche et risquant de perdre leur source de revenu avec ce déplacement dans la Commune de Gandon, l’une des mesures phares d’accompagnement du Projet est l’élaboration participative et inclusive d’un Plan de Restauration des Moyens de Subsistance (PRMS) pour les aider à restaurer ou à améliorer leur niveau de vie. Le PRMS a été élaboré sur la base d’enquêtes auprès des populations concernées leur demandant si elles souhaitent conserver leurs activités professionnelles d’origine ou si elles souhaitent se reconvertir dans d’autres activités économiques ; toutes les deux options avec l’appui et l’accompagnement du SERRP. 

Sur cette base l’ensemble des activités choisies par les populations bénéficiaires ont été déclinées en Projets Socioéconomiques (PROSE) et en Projets d’Investissements Communautaires (PIC). 

Le SERRP a ainsi prévu un budget d’environ 3 milliards FCFA pour financer ces Projets socioéconomiques et d’aménagement du cadre de vie pour les populations déplacées de la Langue de Barbarie. Certains de ces Projets socio-économiques sont déjà mis en œuvre au niveau du site de relogement provisoire à savoir : 

  • La formation de 26 femmes en couture et coiffure au Centre de Formation Professionnelle de Sainr-Louis (CFP) ;
  • La formation de 59 jeunes aux métiers du BTP au Centre Régional de Formation Professionnelle de de Saint-Louis (CRFP) ;
  • La formation de 200 jeunes du site par les structures de formation spécialisées (CFP, CIPA, CRFP) et coachés à l’entreprenariat et à l’insertion par la Chambre des Métiers de Saint-Louis dans domaines de l’agriculture, la transformation des produits halieutiques, l’aviculture, le BTP, l’électricité, la couture, la coiffure, la teinture, la pâtisserie, et le froid industriel, dans la cadre du prose FAIS.
  • L’ouverture au niveau du site de relogement provisoire d’une unité de coiffure et d’une unité de couture entièrement équipées de matériel professionnel avec une dotation conséquente de matières et de produits pour une autonomie d’environ 6 mois ;
  • L’ouverture au niveau du site de relogement provisoire d’une centrale d’achat entièrement équipée et approvisionnée en denrées et produits alimentaires pour la vente ;
  • La mise en place d’une activité de micro-jardinage avec une dotation conséquente de semences, engrais et de matériel de maraichage ;
  • Le financement d’un projet de mareyage et de transformation des produits halieutiques pour 2 GIE regroupant 78 femmes. Il y’a également l’acquisition d’un camion frigorifique et d’un camion utilitaire en plus du matériel d’exploitation octroyé aux GIE bénéficiaires.

D’autres Projets socioéconomiques (PROSE) suivront dans le site de relogement définitif pour les populations qui vont être déplacées en plus de l’aménagement dans le site de services (poissonnerie, mini marchés, pharmacies, salon de couture, …). L’exploitation de ces PROSE permettra à la fois d’offrir aux habitants du site tous les services de proximité nécessaires, mais aussi des possibilités d’emploi en priorité, alors que les PIC contribueront à l’épanouissement social des populations.

Pour améliorer l’accès des populations aux services sociaux de base, des équipements collectifs sont en cours de réalisation au niveau du site de relogement définitif et dans le village de Diougop (marché, Poste de Santé, Centre Socio-éducatif, école élémentaire, maternelle, collèges, mosquée). Ces réalisations qui permettront de relever le niveau d’équipement de la zone, faciliteront également l’intégration des populations déplacées dans le village de Diougop et ses environs.

 

A CONSULTER